état de nature

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Original
Translation
P. 111

XIV. Et par tout cela il paroit évidemment, que la Monarchie absoluё, qui semble estre considerée par quelques-uns comme le seul gouvernement qui doive avoir lieu dans le monde, est, à vray dire, incompatible avec la Société civile, & ne peut nullement estre reputée une  forme de gouvernement civil. Car la fin  de la Société civile estant de remédier aux  inconvenians qui se trouvent dans
l'estat de nature, & qui naissent de la liberté où chacun est d'estre juge dans sa propre cause; & dans cette veûё, d'établir une certaine autorité publique & approuvée, à laquelle chaque membre de la Société puisse appeller & avoit
recours, pour des injures receûёs, ou pour des disputes & des procés qui peuvent s'élever, & estre obligé d'obéïr; par tout où il у a des gens qui ne peuvent point appeller & avoir recours à une autorité de cette sorte, & faire terminer par elle leurs differens, ces gens-là sont asseûrément toûjours dans l'estat de nature, aussi-bien que tout Prince absolu у est au regard de ceux qui sont sous sa domination.

Л. 90

14. И по всему вышеписанному можно видеть, что монархия единовластная, которая от некоторых почитается, толко единое правление на свете истинное, но собранию гражданскому во всем не согласуется, и не может назватся правлением гражданским: понеже собрание гражданское  имеется, чтоб прекратить всякие противности состояния натуралного, и которыя
рождаются от воли, которую всяк имеет судить в своих делах, и в такой силе уставили некакую власть народную и утвержденную, к которой всяк может прибегнуть, и просить о обидах или о ссорах, и должни слушаться; а где люди не имеют такой власти, чтоб могли просить, и ссоры свои прекратить, те люди непристанно в состоянии натуралном обретаютца, и все цари единовластныя с своими людми, которыя под их державаю имеются.

P. 112

XV. En effet, ce Prince absolu que nous supposons, s'attribuant à luy seul, tant le
pouvoir législatif, que le pouvoir éxécutif, on ne sçauroit trouver [p. 113] parmi ceux sur qui il éxerce son pouvoir, un Juge à qui l'on puisse appeller, comme à un Homme qui soit capable de décider & régler toutes choses librement, sans prendre parti, & avec autorité, & de qui l'on puisse espérer de la consolation & quelque réparation, au sujet de quelque injure ou de quelque dommage qu'on aura recû, soit de luy-mesme, ou par son ordre. Tellement qu'un tel homme, quoyqu'il s'appelle, Czar, ou Grand Seigneur, ou de quelque autre maniére qu'on voudra, est aussi bien dans l'estat de nature avec tous ceux qui sont sous sa domination, qu'il у est avec tout le reste du Genre-Humain. Car par tout où il у a des gens qui n'ont point de réglemens stables & quelque commun Juge auquel ils puissent appeller sur la terre, pour la décision des disputes de droit qui sont capables de s'élever entre eux, on у est toûjours dans l'estat de nature, & explosé à tous les inconvenians qui l'accompagnent; avec cette seule & malheureuse difference, qu'on у est sujet, ou plûtost esclave d'un Prince absolu: au lieu que
dans l'estat ordinaire de nature, [p. 114] chacun a la liberté de juger de son propre droit, de le maintenir & de le défendre, autant qu'il peut. Mais toutes les fois que les biens propres d'un homme seront envahis par la volonté ou l'ordre de
son Monarque, non seulement il n'a personne à qui il puisse appeller, & ne peut avoir recours à une autorité publique, comme doivent avoir la liberté de faire ceux qui sont dans [p. 115] une Société; mais, comme s'il estoit degradé de l'estat
commun de créature raisonnable, il n'a pas la liberté & la permission de juger de son droit, & de le soustenir: & par là il est exposé ci toutes les miséres & à tous les inconvenians qu'on a sujet de craindre & d'attendre d'un homme qui estant dans un estat de nature où il se croit tout permis, & où rien ne peut s'opposer à luy, est de plus corrompu par la flatterie, & armé d'un grand pouvoir.

Л. 90

15. И подлинно такой ц[а]рь единовластной о котором здесь предполагаем, взявши [с.91] себе един, всю власть законоподателную и законоисполнителную, невозможно будет его подчиненным, найтить судию, кому б приносить свои жалобы, и кто б мог решить оныя дела свободно, без похлебства, и самовластно, и от кого можно было бы ждать утешения и награждения, за обиду полученную,
или от него самого, или по его указу. Тако оной человек, хотя б назывался Ц[а]рь или Салтан, или б иным каким имянем, но обретается в состоянии натуралном со всеми своими подданными и совсем родом ч[е]л[ове]ческим,
понеже везде где нет законов твердых, ни судии общаго, кому бы можно бить челом на земли, что решить ссоры, которыя могут между ими произойти, там все обретаются в состоянии натуралном и преданы всяким обидам, толко есть сия бедная отмена, что называются подданными, или паче неволниками ц[а]ря единовластного ; вместо того, что в обыкновенном состоянии натуралном, всяк может свою обиду судить, свою волю охранять, и оборонять, колко возможно. А когда имение какова ч[е]л[о]в[е]ка будет взято изволением или указом его монарха, не толко, что некому будет бить челом, и не найдет прибежища в народной власти, как бывает [с.92] в гражданстве; но бутто выключен из числа разумной твари, не имеет воли, ни позволения себя охранить и оборонить, и чрез то предан во всякую бедность, чего можно боятися от такова ч[е]л[о]в[е]ка, которой обретается в соcтоянии натуралном, и чает что все ему позволено, и никто ему противится не может, и наипаче того упоен ласканием, и вооружен
великою властию.

P. 161

CHAP. VIII.
Des fins de la Société & du Gouvernement Politique

II. Cestpourquoy, la plus grande & la principale fin que se proposent les hommes, lors qu'ils s'unissent à une Communauté, & se soumettent à un Gouvernement, c'est de conserver leurs Propriétez, pour la conservation desquelles bien des choses manquent dans l'estat de Nature. III. Premiérement, il у manque des loix établies, connuёs, receûёs & approuvées, d'un commun 
consentement, comme l'Etendard du droit, & du tort, de la justice, & de l'injustice, & comme une commune mesure qui pût terminer les differens
qui s'éleveroient. <…>

Л. 126

Глава 8
Чего ради учинилося гражданство и гражданское правление

2. Того ради, первая и главная причина, ради которой люди соединяются во общество, и покоряются правительству, есть, чтоб содержать свое владение, понеже ради содержания того в состоянии натуралном многих вещей не достает.
3. Первое, законов положенных нет, уставленных, принятых и твержденных
согласием общим, как знамение прав и обиды, правды и неправд, и как общей размер всяким враждам. <…>

P. 162

IV. En second lieu, dans l'estat de nature manque un juge reconnu, qui ne soit pas partial, & qui ait l'autorité de terminer tous les differens, conformément aux loix établies. Car, dans cét estat-là, chacun estant juge & revestu du pouvoir de faire éxécuter les loix de la Nature, & d'en punir les infracteurs ; <…>.

С. 127

4. Второе: в состоянии натуралном, нет судьи поставленного, чтоб был без похлебства, и чтоб имел власть, решить всякие вражды, по законам положенным. Потому что в том состоянии всяк судья и имеет власть хранить законы натуралныя и преступников наказывать <…>.

P. 163

V. En troisiéme lieu, dans l'estat de nature, manque souvent un Pouvoir qui soit capable d'appuyer & de [p. 163] soustenir une sentence donnée, & de l'éxécuter. <…>.
VI. Ainsi, les hommes, nonobstant tous les priviléges de l'estat de nature, ne laissant pas d'estre dans une fort fâcheuse condition, tandis qu'ils demeurent dans cét estat-1à, sont vivement poussez à vivre en Société. <…>.

C. 128

5.Третие: в состоянии натуралном, не имеется власти, чтоб могла утвердить и содержать сентенцию, и исполнять. <…>.
6. Того ради люди, хотя в состоянии натуралном волны, но опасное житие имеют, покамест в том состоянии прибывают, и от того зело принуждены жить в гражданстве. <…>.

Т. 15. P. 423

SOUVERAINS, s. m. pl. (Droit naturel & politiq.) Ce sont ceux à qui la volonté des peuples a conféré le pouvoir nécessaire pour gouverner la société.
L’homme, dans l’état de nature, ne connoît point de souverain ; chaque individu est égal à un autre, & jouit de la plus parfaite indépendance  <…>.
Les hommes ne se sont mis en société, que pour être plus heureux ; la société ne s’est choisi des souverains que pour veiller plus efficacement à son bonheur & à sa conservation.  <…>
Les peuples n’ont point toujours donné la même étendue de pouvoir aux souverains qu’ils ont choisis. L’expérience de tous les tems apprend, que plus le pouvoir des hommes est grand, plus leurs passions les portent à en abuser : cette considération a déterminé quelques nations à mettre des limites à la puissance de ceux qu’elles chargeoient de les gouverner. Ces limitations de la souveraineté ont varié, suivant les circonstances <…> Il faut cependant que la limitation du pouvoir ait elle-même des bornes. Pour que le souverain travaille au bien de l’état, il faut qu’il puisse agir & prendre les mesures nécessaires à cet objet ; ce seroit donc un vice dans un gouvernement, qu’un pouvoir trop limité dans le souverain : il est aisé de s’appercevoir de ce vice dans les gouvernemens suédois & polonois.
D’autres peuples n’ont point stipulé par des actes exprès & authentiques les limites qu’ils fixoient à leurs souverains ; ils se sont contentés de leur imposer la nécessité de suivre les lois fondamentales de l’état, leur confiant d’ailleurs la puissance législative, ainsi que celle d’exécuter. C’est-là ce qu’on appelle souveraineté absolue. Cependant la droite raison fait voir qu’elle a toujours des limites naturelles ; un souverain, quelque absolu qu’il soit, n’est point en droit de toucher aux lois constitutives d’un état, non-plus qu’à sa religion ; il ne peut point altérer la forme du gouvernement, ni changer l’ordre de la succession, à-moins d’une autorisation formelle de sa nation. D’ailleurs il est toujours soumis aux lois de la justice & à celles de la raison, dont aucune force humaine ne peut le dispenser.
Lorsqu’un souverain absolu s’arroge le droit de changer à sa volonté les lois fondamentales de son pays ; lorsqu’il prétend un pouvoir arbitraire sur la personne & les possessions de son peuple, il devient un despote. Nul peuple n’a pu ni voulu accorder un pouvoir de cette nature à ses souverains ; s’il l’avoit fait, la nature & la raison le mettent toujours en droit de réclamer contre la violence. Voyez l’article Pouvoir. La tyrannie n’est autre chose que l’exercice du despotisme.

С.85

САМОДЕРЖЦЫ (право естеств. и полит.) суть те, которым воля народов поручила власть нужную для управления обществом.
Человек в естественном состоянии не ведает Самодержца : каждый частный человек равен другому и пользуется всесовершеннейшею независимостью. 
[с.87] Люди собрались в общество чтоб быть благополучнейшими ; общество избрало себе Самодержцев, чтобы чрез них больше и действительнее утвердити благоденствие свое и сохранить себя в целости. <…>
[с. 88] Народы не всегда давали равную власть Самодержцам, которых они избирали. Опыт всех времен доказывает что, чем больше страсти приводят их к употреблению оныя во зло. В разсуждении сего некоторые народы положили пределы власти [с. 89] тех, коим отдали себя в управление. Сии ограничивания переменялися по обстоятельствам <…>.  В прочем нужно что бы самое ограничение власти имело пределы : а дабы Самодержец имел попечение о [с. 90] благе общем, надобно чтоб он мог действовать и принимать меры нужныя для сего предлога. И так власть Самодержца весьма ограниченная, будет порок во правлении : легко можно приметить таковой порок во правлении Шведском и Польском.
Другие народы договорами нарочно учиненными и неоспоримыми не предохранили пределов полагаемых ими своим Самодержцам : но только предписали им необходимо следовать законам в основание положенным в государстве, поверяя им в прочем власть законодательную так равно как и исполнительную. Таковое самодержавство называется самодержавством совершенным. Однако здравый разсудок показывает, что оное всегда имеет естественные пределы : Самодержец, сколь ни совершенна власть его, не имеет права касаться законам составляющим государство, ниже вере ; не может переменять образа правления, [с. 91] ни порядка наследства без точнаго уполномочивания народнаго, и всегда подвержен он законам правосудия и благоразумия, от которых ни какая человеческая сила свободить его не может.
Когда Самодержец совершенный старается присвоити право переменять по своей воле законы за основание принятые в его государстве ; когда требует  власти произвольныя над животом и имением народа своего, тогда делается он Деспотом. Ни какий народ не мог и не желал дать таковыя власти своим Самодержцам : если же он то учинил, естество и благоразумие всегда подает ему право противится насилию. Тиранство есть ни что иное, как произведение в действо Деспотисма т.е. безпредельныя власти.

О государственном правлении (1770)
Антуан-Гаспар Буше д'Аржи, Луи де Жокур
P. 4

<…> d'autres ont parlé du Droit Naturel que chacun a de conserver ce qui lui appartient, sans expliquer ce qu'ils entendoient par appartenir ; d'autres donnant d'abord au plus fort l'autorité sur le plus foible, ont aussitôt fait naître le Gouvernement, sans songer au temps qui dut s'écouler avant que le sens des mots d'autorité, & de gouvernement pût exister parmi les Hommes : Enfin [p. 5] tous, parlant sans cesse de besoin, d'avidité, d'oppression, de desirs, & d'orgueil, ont transporté à l'état de Nature, des idées qu'ils avoient prises dans la société ; Ils parloient de l'Homme Sauvage, & ils peignoient l'homme Civil.

С. 5

<…> другие говорили о праве естественном, которое всякой имеет к сохранению того, что ему принадлежит, не истолковав, что разумели они через слово принадлежать; иные дая вдруг сильным власть над слабыми, тотчас установляли правление, не мысля о времени долженствующем протечь прежде нежели, и смысл сих слов, власть или правление мог быть между людьми: наконец, все говоря непрестанно о нужде, жадности, притеснении, желании и высокомерии, приложили к состоянию природы понятия взятыя ими из состояния общества, и говоря о человеке диком, изображали они гражданина; <…>.

P. 95

Le premier qui ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, ceci est à moi, & trouva des gens assés simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de miséres & d'horreurs n'eût point épargnés au Genre-humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables. Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; Vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, & que la Terre n'est à personne : Mais il y a grande apparence, qu'alors les choses en étoient déjà venües au point de ne pouvoir plus durer comme elles étoient ; car cette idée de propriété, dependant de beaucoup d'idées antérieures qui [p. 96] n'ont pû naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain : Il falut faire bien des progrès, acquerir bien de l'industrie & des lumières, les transmettre & les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de Nature.

С. 59

Первый, который оградив несколько земли, вздумал сказать, сие принадлежит мне, и нашел людей толико простых, кои тому поверили, был подлинный основатель гражданскаго общества. Коликих беззаконий, убивств и браней, коликих бедствий и ужасностей, отвратил бы от человеческаго рода тот, который бы вырвав колья, или засыпав ров, возгласил всем подобным себе: хранитесь, послушаться сего обманщика, пагуба вам последует, естьли вы забудете, что плоды суть для всех, а земля не принадлежит никому! Но весьма вероятно, что тогда дела дошли уже до такой степени, что не могли далее остаться в том состоянии, в котором находились; ибо как понятие о собственности, зависящее от многих предследующих, не иначе произшедших как с продолжением времени, не могло вообразиться вдруг в человеческом разуме; то надлежало прежде зделать многия приращения, приобрести довольно искусства и просвещения; и оное предать и умножить от рода в род, прежде достижения к сему последнему пределу природнаго состояния.

P. 90

Sans prolonger inutilement ces détails, chacun doit voir que les liens de la servitude [p. 91] n'étant formés que de la dépendance mutuelle des hommes & des besoins reciproques qui les unissent, il est impossible d'asservir un homme sans l'avoir mis auparavant dans le cas de ne pouvoir se passer d'un autre ; situation qui n'existant pas dans l'état de Nature, y laisse chacun libre du joug & rend vaine la Loi du plus fort.

С. 56

Не продолжая безполезно сих подробностей, каждый должен видеть, что как узы рабства не от иного чего произошли, как от взаимной между людьми зависимости, и от взаимных нужд, которыя их соединяют; то не возможно поработить человека, не доведя его прежде в такое состояние, в котором бы он не мог обойтись без другаго; но как сего обстоятельства не может быть в состоянии природном, то остается каждой свободным от ига, и закон сильнейшаго становится тщетным.

P. 65

N'allons pas surtout conclure avec Hobbes que pour n'avoir aucune idée de la bonté, l'homme soit naturellement méchant, qu'il soit vicieux parce qu'il ne connoît pas la vertu, qu'il refuse toujours à ses semblables des services qu'il ne croit pas leur devoir, ni qu'en vertu du droit qu'il s'attribue avec raison aux choses dont il a besoin, il s'imagine follement être le seul propriétaire de tout l'Univers. Hobbes a très bien vû le défaut de toutes les définitions modernes du droit Naturel : mais les conséquences qu'il [p. 66] tire de la sienne, montrent qu'il la prend dans un sens, qui n'est pas moins faux. En raisonnant sur les principes qu'il établit, cet Auteur devoit dire que l'état de Nature étant celui où le soin de nôtre conservation est le moins préjudiciable à celle d'autrui, cet état étoit par conséquent le plus propre à la Paix, & le plus convenable au Genre-humain. Il dit précisément le contraire, pour avoir fait entrer mal à propos dans le soin de la conservation de l'homme Sauvage, le besoin de satisfaire une multitude de passions qui sont l'ouvrage de la Société, & qui ont rendu les Loix nécessaires.

С. 41

Особливо не надлежит нам заключать с Гобесием бутто бы по неимению какого либо понятия о благости, человек зол естественно, будто он порочен, потому что не знает добродетели, будто отрекается от услуг своим собратиям щитая себя им ничем необязанным, и будто в силу того права, которое он себе не без причины присвояет на вещи ему нужныя, воображает он буйно себя единым обладателем вселенной. Гобесий весьма изрядно усмотрел недостаток всех нынешних определений права естественнаго: но следствия, которыя он выводит из своего тому определения, показывают, что он приемлет его не менее в ложном разуме. Разсуждая по основаниям от него полагаемым, сей сочинитель долженствовал бы сказать, что как естественное состояние есть такое, в котором попечение о сохранении себя отнюдь непредосудительно сохранению ближняго, то сие состояние было гораздо способнейшее в тишине, и самое приличное для человеческаго рода. Но он говорит точно сему противное для того, что он с попечением о самосохранении дикаго человека, не к стати соединил надобность удовольствования множества страстей, которыя произошли уже от общества, и через которыя законы зделались нужными.

P. 114

<…> & c'est faute d'avoir suffisamment distingué les idées , & remarqué combien ces Peuples étoient déjà loin du premier état de Nature, que plusieurs se sont hâtés de conclure que l'homme est naturellement cruel & qu'il a besoin de police pour l'adoucir, tandis que rien n'est si doux que lui dans son état primitif, lorsque placé par la Nature à des distances égales de la stupidité des brutes & des lumiéres funestes de l'homme civil, & borné également par l'instinct & par la raison à se garantir du mal qui le menace, il est retenu par la pitié Naturelle de faire lui-même du mal à personne, sans y être porté par rien, même après en avoir reçû. Car, selon l'axiome du sage Locke, il ne sauroit y avoir d'injure, où il n'y a point de propriété.

С. 70

А то произошло от недовольнаго различения идей, и от непримечания сколько сии народы были уже далеко от природнаго состояния, что многие поспешно заключили, якобы люди естественно суть мучители, и что потребно градоначальное учреждение для его укрощения; между тем как нет ничего кротчае человека в первобытном его состоянии, когда он будучи помещен природою в равном разстоянии как от несмысленности скотов, так и от пагубнаго просвещения человека гражданскаго, и ограничен равно побуждением и разсудком сохранять себя от устращающаго зла, природною жалостию удерживается творить зло кому либо, не будучи к тому привлекаем ничем, хотя бы и сам оное от другаго претерпел. Ибо по основанию мудраго Локка, неможет тамо быть обиды, где собственности нет.

P. 137

Telle fut, ou dut être l'origine de la Société & des Loix, qui donnérent de nouvelles entraves au foible & de nouvelle<s> forces au riche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixérent pour jamais la Loi de la propriété & de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable, & pour le profit de quelques ambitieux assujétirent désormais tout le Genre-humain au travail, à la servitude & à la misére. <…> [P. 138] Les Sociétés se multipliant ou s'étendant rapidement couvrirent bientôt toute la surface de la terre, & il ne fut plus possible de trouver un seul coin dans l'univers où l'on pût s'affranchir du joug, & soustraire sa tête au glaîve souvent mal conduit que chaque homme vit perpetuellement suspendu sur la sienne. Le droit civil étant ainsi devenu la régle commune des Citoyens, la Loy de Nature n'eut plus lieu qu'entre les diverses Sociétés, où, sous le nom de Droit des gens, elle fut temperée par quelques conventions tacites pour rendre le commerce possible & suppléer à la commisération naturelle, qui, perdant de Société à Société presque toute la force qu'elle avoit d'homme à homme, ne réside plus que dans quelques grandes [p. 139] Ames Cosmopolites, qui franchissent les barriéres imaginaires qui séparent les Peuples, & qui, à l'exemple de l'être souverain qui les a créés, embrassent tout le Genre-humain dans leur bienveillance.
Les
Corps Politiques restant ainsi entre eux dans l'Etat de Nature se ressentirent bientôt des inconveniens qui avoient forcé les particuliers d'en sortir, & cet Etat devint encore plus funeste entre ces grands Corps qu'il ne l'avoit été auparavant entre les individus dont ils étoient composés.

С. 84

Такое было, или долженствовало быть, произхождение сообщества и законов, которые придали новые путы безсильным, и новые силы богатым истребило бесповоротно вольность естественную, утвердило на веки закон собственности и неравенства, и из искуснаго похищения, учинило право непременное; а к пользе некоторых честолюбивых подвергли на предки весь род человеческий труду, рабству и бедности. <…> Общества умножающияся или распространяемыя быстро, покрыли непродолжительно всю поверьхность земли, и не возможно уже стало найти и единый угол в свете, где бы льзя было свободиться от ига, и уклонить главу свою от меча, часто худо управляемаго, который каждый человек видел всегда вознесенным над своею головою. Когда [с. 85] право гражданское сим образом зделалось общим правилом всех сограждан; то закон естественный не имел уже места как только между разных обществ, где под именем права народнаго, был он умерен, некоторыми условиями невыражаемыми, дабы зделать взаимное сообщение возможным, и тем заменить естественное сожаление, теряющее от одного общества до другаго всю силу какую оно имело от одного человека до другаго, не пребывает уже более, как только в великих душах некоторых козмополитов, *то есть: граждан целаго света*, кои преодолевают вымышленную оную преграду, народы разделяющую, и которые по примеру Существа вседержительнаго их создавшаго, весь человеческий род объемлет своим благоволением.

Сообщества политическия таковым образом оставшися между собою в состоянии естественном, скоро раскаялись о тех неудобствах, которыя особенных людей принудили из онаго вытти; а сие состояние стало паче пагубно между сими великими сообществами, нежели был прежде во особливости между теми, из коих оные сообщества составлены.

 

[Примечание: выделенный фрагмент в оригинале отсутствует].

P. 146

Les politiques font sur l'amour de la liberté les mêmes sophismes que les Philosophes ont faits sur l'Etat de Nature ; par les choses qu'ils voyent ils jugent des choses très [p. 147] différentes qu'ils n'ont pas vues, & ils attribuent aux hommes un penchant naturel à la servitude par la patience avec laquelle ceux qu'ils ont sous les yeux supportent la leur, sans songer qu'il en est de la liberté comme de l'innocence & de la vertu, dont on ne sent le prix qu'autant qu'on en joüit soi-même, & dont le goût se perd sitôt qu'on les a perdues. 

С. 90

Политики делают о любви к вольности таковыя же софизмы, какия Философы делали о состоянии природном; по вещам, которыя они видят, разсуждают они о вещах разнствующих, коих они не видали, и приписывают людям склонность естественную к порабощению, по той терпеливости, с каковою сии, кои в их глазах находятся, сносят их господство сами над собою, непомышляя, что вольность, так точно, как невинность и добродетель, тогда только разумеют, пока ею пользуются и вкус их теряется так скоро, как только их кто лишится.

P. 161

Les diverses formes des Gouvernemens tirent leur origine des différences plus ou moins grandes qui se trouvérent entre les particuliers au moment de l'Institution. Un homme étoit-il éminent en pouvoir, en vertu, en richesses , ou en crédit ? il fut seul élu Magistrat, & l'Etat devint Monarchique ; si plusieurs à peu près égaux entre-eux l'emportoient sur tous les autres, ils furent élus conjointement, & l'on eut une Aristocratie ; [p. 162] Ceux dont la fortune ou les talens étoient moins disproportionnés, & qui s'étoient le moins éloignés de l'Etat de Nature, gardérent en commun l'Administration suprême, & formérent une Démocratie.

 

С. 99

Разные образы правительств начало свое производят из большей или меньшей разности бывшими между участных людей, во время установления оных. Ежели человек был превосходен в могуществе, в добродетели, в богатстве, или в поверенности, [с. 100] то он был избран судиею, и сообщество зделалось Монаршеское; ежели несколько почти равных между собою превосходили всех прочих, то они были избраны все купно и стала Аристократия *или правление знатнейших особ*; теж, которых достаток или таланты были не столь равномерны, и которые меньше отдалились от состояния естественнаго, оставили себе обще высочайшее управление, и составили Демократию *или народное правление*.

 

[Примечание: выделенные фрагменты в оригинале отсутствуют].

P. 261

La justice distributive s'opposeroit même à cette égalité rigoureuse de l'Etat de Nature, quand elle seroit pratiquable dans la société civile ; <…> [p. 262] Les rangs des Citoyens doivent donc être réglés, non sur leur mérite personnel, ce qui seroit laisser au Magistrat le moyen de faire une application presque arbitraire de la Loi, mais sur les services réels qu'ils rendent à l'Etat & qui sont susceptibles d'une estimation plus exacte.

л. К1 об. (прим. 14*)

Самое правосудие раздаятельное воспротивилось бы сему строгому равенству состояния природнаго, естьли бы могло исполняемо быть в обществе гражданском. <…> [л. К2] И так чины сограждан должны быть учреждаемы не по достоинствам личным; ибо то было б [л. К2 об.] подать градоначальству способ к учинению почти самопроизвольнаго приложения законов, или сличения оных с делами, но токмо по действительным услугам, которыя они государству оказывают, и которыя точнее оценены быть могут.

 

[Примечание: опечатка; данное примечание относится к странице 104].

P. 115

Mais il faut remarquer que la Société commencée & les relations déjà établies entre les hommes, éxigeoient en eux des qualités différentes de celles qu'ils tenoient de leur constitution primitive ; que la moralité commençant à s'introduire dans les Actions humaines, & chacun avant les Loix étant seul juge & vengeur des offenses qu'il avoit reçues, la bonté convenable au pur état de Nature n'étoit plus celle qui convenoit à la Société naissante ; qu'il faloit que les punitions devinssent plus sévéres à mesure que les occasions d'offenser devenoient plus fréquentes, & que c'étoit à la terreur des vengeances de tenir lieu du frein des Loix

С. 71

Но должно примечать, что начавшееся общество], требовали качеств отличных от тех, которыя они имели в sic, и сношения между людьми установленное [первоначальном своем установлении; что когда нравственность начала входить в действия человеческия, и как прежде законов каждый был единым судиею и мстителем обид им претерпеваемых, то доброта, приличная сущему естественному состоянию, не приличествовала уже раждающемуся обществу; что надлежало наказаниям зделаться гораздо строжайшим, по мере как случаи к обиде стали учащательнее, и что страх наказаний должен был заступать место обуздания законов.

P. lj

Les hommes, dans l’état de nature, abstraction faite de toute religion, ne connoissant, dans les différents qu’ils peuvent avoir, d’autre loi que celle des animaux, le droit du plus fort, on doit regarder l’établissement des sociétés comme une espece de traité contre ce droit injuste ; traité destiné à établir entre les différentes parties du genre humain une sorte de balance.

De l'esprit des lois. T. 1 (1757)
Charles Louis de Montesquieu
С. XII

Люди в естественном состоянии, положив, что они не имеют ни какия веры, не знают в случающихся между ими несогласиях ни какого закона, кроме свойственнаго животным, права сильнейшаго; и так установление сообществ должно почитать, как некоторый род договора противу сего несправедливаго права: а договор назначенный ко установлению между разными частями рода человеческаго, как некоторый род равновесия.

О разуме законов (1775)
Шарль Луи де Монтескье
P. 230

Dans l’état de nature les hommes naissent bien dans l’égalité : mais ils n’y sauroient rester. La société la leur fait perdre, & ils ne redeviennent égaux que par les loix. <...> .

[p. 231] La place naturelle de la vertu est auprès de la liberté : mais elle ne se trouve pas plus auprès de la liberté extrême, qu’auprès de la servitude.

De l'esprit des lois. T. 1 (1757)
Charles Louis de Montesquieu
С. 231

В естественном состоянии люди родятся весьма равны между собою; но они не могут остаться в сем равенстве. Сообщество заставляет их лишаться оныя, и они не бывают тако равны, как по законам. <…> .

Естественное место добродетели есть при вольности; но оная не бывает при неограниченной вольности равно так, как и при рабстве

О разуме законов (1775)
Шарль Луи де Монтескье
P. 339

C’est à la loi seule que les hommes doivent la justice & la liberté. C’est cet organe salutaire de la volonté de tous, qui rétablit dans le droit l’égalité naturelle entre les hommes. C’est cette voix céleste qui dicte à chaque citoyen les préceptes de la raison publique, & lui apprend à agir selon les maximes de son propre jugement, & à n’être pas en contradiction avec lui-même. C’est elle seule aussi que les chefs doivent faire parler quand ils commandent ; car si-tôt qu’indépendamment des lois, un homme en prétend soûmettre un autre à sa volonté privée, il sort à l’instant de l’état civil, & se met vis-à-vis de lui dans le pur état de nature où l’obéissance n’est jamais prescrite que par la nécessité.

Le plus pressant intérêt du chef, de même que son devoir le plus indispensable, est donc de veiller à l’observation des lois dont il est le ministre, & sur lesquelles est fondée toute son autorité.

С.20

Законам люди обязаны правосудием и свободностию. Сие спасительное орудие общей воли по праву возстановляет естественное равенство между людьми. Сей небесный глас вещает каждому гражданину правила общаго разсудка, научает его действовать по наставлениям собственнаго размышления и соглашаться с самим собою. Начальники при повелениях должны заставлять говорить закон; ибо сколь скоро кто не следуя установлению законов вздумает другаго принуждать повиноваться своей особенной воли [с. 21]; то тогда он уже переступает за гражданское правление и полагается против его в сущем естественном состоянии, в котором повиновение бывает только по необходимости. 

Важнейшая польза правителя так как и необходимая его должность есть та, что бы стараться следовать законам, на коих власть его основана.

P. 342

Voulons-nous que les peuples soient vertueux ? commençons donc par leur faire aimer la patrie : mais comment l’aimeront-ils, si la patrie n’est rien de plus pour eux que pour des étrangers, & qu’elle ne leur accorde que ce qu’elle ne peut refuser à personne ? Ce seroit bien pis s’ils n’y joüissoient pas même de la sûreté civile, & que leurs biens, leur vie ou leur liberté fussent à la discrétion des hommes puissans, sans qu’il leur fût possible ou permis d’oser reclamer les lois. Alors soûmis aux devoirs de l’état civil, sans joüir même des droits de l’état de nature & sans pouvoir employer leurs forces pour se défendre, ils seroient par conséquent dans la pire condition où se puissent trouver des hommes libres, & le mot de patrie ne pourroit avoir pour eux qu’un sens odieux ou ridicule.

С. 58

И так если хотим, что бы народы были добродетельны, то начнем сие внушением им любви к отечеству; но как они любить его будут, если отечество [с. 59] для них то же есть, что и для чужестранцов, и дарует им только то, в чем никому отказать не может? еще было бы хуже, когда бы они не могли наслаждаться даже гражданскою безопасностию, и когда бы имение их, их жизнь, или свобода были во власти людей сильных, так что бы и не можно было им или не позволено прибегать к законам.  Тогда будучи подчинены должностям правительства гражданскаго, не наслаждаясь даже правилами естественнаго правительства, и не будучи в состоянии употребить сил своих к своему защищению, они следственно были бы в худшем состоянии, в каком свободные люди находиться могли бы, слово отечество не имело бы для них инаго знаменования кроме ненавистнаго или смешнаго.

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